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Conférence de la SBP du 27 avril 2018


 Anonyme
Inscription: Il y a 54 ans
Posts: 0
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Bonjour,

J’ai écouté avec attention votre conférence sur la « Liberté de Conscience ». Je vous remercie de la clarté de vos propos.

Votre exposé me conduit à quelques réflexions :

Vous dîtes qu’à la religion est dévolu le fors intérieur. Dans notre République française le fors intérieur appartient à chacun quelque soit sa croyance ou sa non croyance.

Il faut rappeler que dès le 19ème siècle, le courant franc-maçon avait introduit la notion de Liberté Absolue de Conscience qui déborde largement tout croyance religieuse.

 

Vous dîtes plus loin que la religion a dû se battre pour exister. IL me semble au contraire que c’est la République qui a dû se battre pour s’émanciper du pouvoir que le religieux voulait continuer à exercer sur la société. C’est le sens de la Loi de 1905 de Séparation des Eglises et de l’Etat.

 

Plus loin encore vous dîtes que seule une minorité d’individus seraient capables de se libérer des valeurs inculquées par sa communauté et sa culture. Ce déterminisme va à l’encontre de ce qu’affirme la position républicaine, qui est de reconnaître à tout citoyen, cette capacité à penser par lui-même. En ce cas, la notion de Liberté de Conscience n’aurait pas de fondement. On pourrait rajouter que c’est la définition même de l’Humanisme.

Voici quelques réflexions qui pourraient peut-être alimenter le site et engager le débat. Je serais heureuse d’avoir votre avis.

Bien à vous.

Françoise Le Mer


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 Anonyme
Inscription: Il y a 54 ans
Posts: 0
 

Bonjour madame,

C'est avec un peu de retard que je réponds à votre commentaire. Je n'ai pas eu le temps de le faire.

Merci de nous avoir écouté et je suis heureux que vous me donniez l'occasion de quelques éclaircissements.

En ce qui concerne :

 

- la question du for intérieur :

 

Rien à redire puisque nous sommes d'accord. La République, ou plutôt l’État français, reconnaît à chacun la liberté de croire ou de ne pas croire, et en cela il respecte, d'après les lois, le for intérieur de chacun : c'est-à-dire sa conscience.

Bien sûr, le courant de la Franc-maçonnerie, que nous n'avons pas évoqué a participé grandement à la promotion de la notion de la liberté de conscience. Tout à fait d'accord.

 

- la question du « combat » de l’Église :

 

 

Historiquement, il y a eu, depuis l'avènement de la Révolution française, une opposition entre deux courants irréductibles l'un à l'autre : le clérical et l'anti-clérical (que vous appelez, sans doute, République). Le combat de l’Église représente, tout simplement et sans prise de parti de notre part, le courant clérical qui a accompagné la restauration de la monarchie pendant une grande partie du XIXe siècle. Cette lutte a abouti comme vous le notez à la Loi de 1905.Tout à fait d'accord, là aussi.

 

 

- la question sur le déterminisme :

 

C'est peut-être là un point de divergence.

 

a) Vous, vous soutenez que la « position républicaine » reconnaît « à tout citoyen, cette capacité à penser par lui-même. » D'abord, il faudrait s'entendre sur ce qu'est « la capacité à penser par soi-même ». Pas sûr, que nous soyons d'accord sur la définition d'une telle capacité, voire de s'entendre sur ce qu'est le fait même de penser. Qu'est-ce que penser ? Difficile question qui déborde largement le cadre qui nous est imparti.

 

b) Ensuite, il faudrait peut-être aussi s'entendre sur la notion même de citoyen. S'agit-il de tout individu majeur et reconnu comme tel par l'état civil, qui a des droits et des devoirs, dont celui de voter ? Mais avant d'être le citoyen d'une République, cet individu est un homme réel, qui a sa propre histoire, son propre vécu ; ses propres croyances ( il peut avoir une religion ou pas, être un humaniste ou pas, etc …) et c'est surtout quelqu'un qui a peut-être des convictions politiques dans lesquels tous les Français ne se reconnaissent pas. D'où les courants politiques divers et antagonistes qui traversent le champ social en France et ailleurs. Comment expliquer cette diversité si ce n'est, en partie, par des appartenances culturelles qui s'incarnent au sein de familles, de groupes sociaux, voire de communautés ( qui quoique que l'on dise existent bel et bien) ? Mais nous n'avons jamais prétendu que ces déterminismes étaient absolus et encore moins indépassables.

 

c) Enfin, le point le plus délicat : l'exercice même de la liberté de conscience.

 

Comment dire ? En matière de croyance ou d'incroyance, passer de l'un à l'autre, est une liberté qui est inscrite dans la déclaration des droits de l'Homme. Mais dans la pratique, avec toutes les restrictions qui s'imposent, l'éducation façonne dès le plus jeune âge les croyances, quelles soient religieuses ou pas, des individus.

Pour le dire autrement, croire ou ne pas croire n'est souvent, mais pas toujours, que le reflet d'un certain conditionnement. D'où, par exemple, les oppositions qui peuvent naître au sein de l'école entre l'éducation nationale dite républicaine et les valeurs que défendent des familles au nom même de liberté de conscience.

Pour faire court, il y a derrière cette question, ce vieux combat dont nous avions évoqué la genèse entre une conception du monde qui se fonde sur la religion et une autre, rationaliste, matérialiste, et souvent ( mais pas toujours) athée…

 

En espérant avoir apporté quelques éclaircissements.

Cordialement.

A.B

 

 


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